J1 - Pluie, corde et tire-fort
Aujourd’hui nous vous racontons l’histoire d’une génisse -plus tard baptisée Hélice-, tombée dans un trou d’un 15aine de mètres. Quand l’éleveur l’a trouvée au fond de cette faille, il a voulu la remonter avec l’aide de ses collègues, mais la vache n’était pas assez docile pour se laisser approcher.
L’éleveur fait donc appel à l’ESAM pour aider à l'anesthésie de sa vache et ainsi l’extraire avec la force de cette volonté collective.
Après 2h de marche d’approche, un café généreusement offert à la cabane des éleveurs, 10 heures d’averses et de vent, la mobilisation de toutes nos forces et de celles des éleveurs, nous sommes contraints en fin de journée de redéposer la génisse endormie au fond de son trou.
Après la tempête, est arrivé le calme. La masse épaisse de nuages a commencé à prendre en légèreté et nous dévoiler le paysage que nous n’avions pas vu de la journée.
Nous reviendrons le lendemain pour préparer Hélice à l’appui éventuel d’un support aérien.
Jour 2 - Une nouvelle équipe se prépare
Nous sommes samedi, le seul hélicoptère disponible le sera en milieu d’après-midi, au départ de Courchevel.
Deux secouristes installent le matériel de transmission radio. Ils patienteront quelques heures au niveau de la zone de dépose préparée par les éleveurs.
Cinq autres secouristes s’engagent à l’alpage pour préparer la génisse en espérant son héliportage. La marche d’approche d’une heure se fait avec moins de matériel que la veille, une partie étant restée en haut.
Pendant ce temps, à 32 nautiques de là, la météo se dégrade sur l’altiport de Courchevel.
En lien avec le pilote, l’équipe du haut apporte de quoi abreuver Hélice, et ramasse une quantité suffisante d’herbes pour 2 jours, au cas où…
Madame passe à table.
En fin de journée, l’altiport de Courchevel est toujours pris dans la brume, l’hélico ne pourra pas décoller aujourd’hui non plus.
La situation ne pourra pas être meilleure le dimanche, nous remonterons une dernière fois lundi.
Jour 3 - Changement d’équipe, changement de tactique
Ce matin c’est une première pour Fanny, troisième vétérinaire de l’équipe, qui monte à l’alpage avec Arnaud. Celui-ci connait déjà bien la route car pour lui, c’est le troisième round. Le plan est simple : endormir Hélice, appeler le reste de l’équipe. Lucie, Antoine et Djeff arrivent en hélico pour la mettre dans un filet, la sortir de son trou, et la déposer plus bas, à la ferme, loin de tout risque de chute.
Arrivés au Habert, le temps est couvert. Les prévisions météo sont bonnes mais l’inquiétude est présente. Va-t-on enfin pouvoir sortir Hélice ?
Le rituel est bien en place, un café, quelques tranches de saucissons avec l’éleveur et notre trio s’élance en direction de la prison d’Hélice.
Pendant ce temps, au bureau, les renforts se préparent. L’hélicoptère attend sur le tarmac le signal de départ, il est déjà chargé de tout le matériel.
A l’alpage tout est prêt aussi, dernier point téléphonique avec l’hélicoptère.
La fléchette est dans le canon, la pression ajustée, le doigt sur la détente, CLAC !
« - Alors ?
- Alors c’est bon, elle est bien dedans et bien injectée, y a plus qu’à attendre. »
DEUX minutes plus tard, c’est un autre claquement qui résonne sur l’alpage, celui des pales de l’hélicoptère : la cavalerie arrive.
Une rotation autour du site puis l’hélicoptère descend vers la colline. Le pilote garde la machine en appui patin, les secouristes et le matériel sont déchargés en quelques secondes, les portes se referment et l’hélicoptère part se poser à son point d’attente, au niveau de la dépose.
Voilà 7 minutes qu’Hélice a été fléchée.
Un bruit sourd s’élève du fond, Antoine jette un coup d’œil, c’est bon, elle est couchée et ne va pas tarder à dormir.
DOUZE minutes après le tir, les secouristes descendent un à un en rappel au fond du trou pour l'installer dans un filet et attacher une élingue qui permettra de l’accrocher depuis le haut de la faille.
Tout le monde remonte.
L’hélicoptère revient et extirpe tranquillement Hélice de sa prison.
Hélice est tellement une battante, qu'elle se réveille d'elle-même quasiment dès son atterrissage et écarte de son chemin le corral mis en place pour l'occasion pour qu'elle puisse s'y reposer. Elle fonce. Ça suffit les bêtises à se tourner les pouces au fond de son trou! Elle remonte immédiatement dans son troupeau retrouver les copines.
Ce récit est raconté par Arnaud
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