Il est 5h50, un lundi matin. Mon téléphone sonne et me réveille aux aurores. Pourtant, l'excitation est à son comble. En effet, Tao, un chien porcelaine de 25 kilos, est coincé dans une barre rocheuse depuis samedi, et nous allons enfin le secourir aujourd’hui avec Gaël et Hugo. L’organisation s’est faite la veille par messages, et comme la journée s’annonce bien chargée, il faut donc s’activer sans perdre de temps.
Après un petit déjeuner rapidement avalé et un passage express à la boulangerie pour prendre un sandwich, je pars au Versoud. Là, je m’affaire à préparer le matériel et à charger le pick-up. La peur d’oublier quelque chose d’essentiel pour le secours me pousse à tout revérifier trois fois. Finalement, à 9 heures, je quitte le Versoud pour récupérer Gaël, qui sort d’un cours à la fac, puis Hugo à Vizille. Ensemble, nous nous mettons en route vers Valjouffrey et arrivons à destination vers 11 heures, pile à l’heure convenue la veille avec les requérants.
Sur place, les chasseurs nous expliquent où se situe la chienne. Grâce à des jumelles, nous l’apercevons dans une posture très précaire, au milieu d’une barre rocheuse. Ils nous racontent qu’ils avaient déjà tenté une approche par le bas pour la récupérer dimanche matin, mais ils ont été stoppés net par des ressauts rocheux sur une vingtaine de mètres qu'il fallait escalader. À ce moment-là, deux options s’offrent à nous. La première consisterait à tenter cette escalade, en utilisant des coinceurs pour nous protéger. Cependant, la roche semble de très mauvaise qualité, ce qui nous pousse à privilégier une autre solution : un accès par le haut, en rappel. En effet, de nombreux arbres bien placés pourraient nous servir d’ancrages pour descendre, sécuriser Tao et le ramener jusqu’à la combe en contrebas.
Sans perdre une minute, nous commençons à préparer le matériel. Après avoir enfilé nos baudriers, nous bourrons les sacs à dos de cordes et de quincaillerie. Vers 11h45, nous attaquons la marche d’approche. Avec près de 700 mètres de dénivelé et des sacs pesant plus de 20 kilos, l’effort est intense. Après une ascension difficile, nous finissons par atteindre le sommet, au-dessus du chien, vers 13h30. À ce moment-là, une première récompense s’offre à nous : la vue est sublime. De plus, un chasseur resté en bas nous confirme que nous sommes parfaitement à l’aplomb de Tao.
Aussitôt, nous déballons les paquetages et lançons les grandes manœuvres. Progressivement, nous nous rapprochons de Tao, avançant de 30 mètres en 30 mètres en zigzaguant d’arbre en arbre pour trouver des ancrages fiables pour nos rappels. Heureusement, l’équipe est bien rodée : Gaël se charge de sécuriser Tao, et avec Hugo nous nous occupons de l'équipement et du déséquipement des rappels. Tout au long de l’opération, nous devons rester extrêmement vigilants pour éviter de faire tomber de grosses pierres, à la fois sur nos copains en-dessous et sur le chien.
Finalement, après deux rappels bien exécutés, Gaël parvient à rejoindre Tao. Après avoir fait connaissance, il réussit à le sécuriser et à l’installer dans un baudrier. C’est une étape cruciale, car Tao s’était déplacé vers Gaël et se trouvait alors sur une vire très étroite surplombant le vide, d’où il aurait pu glisser à tout moment. Cependant, le secours est loin d’être terminé : il reste un dernier rappel à effectuer pour atteindre le pied de la falaise. En outre, une fois les premiers secouristes au sol, il faudra redoubler de prudence pour ne pas déclencher de chutes de pierres, d’autant plus que les chasseurs, désormais proches du pied de la falaise, nous ont rejoint.
Gaël qui vient juste de conditionner Tao dans le baudrier.
Vers 16h30, c’est enfin la libération : Gaël arrive au sol et peut détacher Tao, qui se précipite immédiatement vers son maître. Les retrouvailles sont fortes en émotions, tandis que Hugo et moi déséquipons les derniers rappels. Après cette réussite, il nous reste encore la marche de retour, dans un pierrier instable, avant de rejoindre le pick-up sous la nuit tombante, aux alentours de 17h30.
Pour conclure cette journée intense, nous sommes invités à souper chez les requérants, qui nous réservent un accueil des plus chaleureux. Enfin, après ce moment de répit, il nous faut encore rouler deux heures pour rentrer au Versoud, où nous rangeons et vérifions scrupuleusement notre matériel. En fin de compte, ce fut un beau secours : efficace, avec une chouette équipe, et surtout, un dénouement heureux.
Maxime
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